Fin de route.
James Wan, las de faire tressauter les violons de l’horreur à grand mouvement de possession démoniaque, taille désormais la route vers le cinéma d’action, hâtivement et furieusement, pour, dit-on, en améliorer le couplage. En effet, à l’origine, le réalisateur sino-malaisien, parachuté afin de palier à l’absence de Justin Lin, à la tête des quatre précédents épisodes, avait pour ambition d’altérer l’essence du mythe Fast & Furious, d’amener ce septième opus sur le chemin de l’auto-défense, et par la même, de l’écarter de cette exubérance graphique qui en était devenu la traction. La marque laissé par Death Sentence, thriller noir comme l’asphalte, parlait d’ailleurs pour lui, gage de sa bonne foi, et surtout, de sa parfaite maitrise des codes du genre. On imaginait déjà le goudron de la violence et de la haine donner à nos routiers un avant-goût de l’enfer, brûlant leurs âmes et leurs philosophies pour n’en laisser que des cadavres, fumants, sur le bord de la route. De belles intentions qui, hélas, s’engagent dans une voie sans issue. Bien évidemment, ne semblant pas faire totalement le deuil de cette intention, Wan tente de corrompre l’âme de la série, comme l’agent du FBI, interprété par un facétieux Kurt Russell, celle de la famille Toretto à l’élégance de la mousse des moines trappistes belges. Il courbe très légèrement son châssis en intronisant Jason Statham dans le rôle d’un antagoniste carburant à la vengeance, et en menant son ultime affrontement dans l’un des fiefs cinématographiques du vigilantisme américain. Mais ces rares écarts de conduite ne suffisent malheureusement pas au metteur en scène pour prendre ses distances avec la légendaire loggorhée visuelle des trois derniers volets, et incliner ce rapport de force qui l’opposait aux convenances de la saga en sa faveur. Néanmoins, Fast & Furious 7, aussi tapageur soit-il, demeure un honnête divertissement, pensue mais agréable à suivre, et sans à-coup, du moment que les acteurs ne desserrent pas trop leurs mâchoires afin de déclamer quelques phrases chocs bornées de platitude. Le cinéaste, fervent militant de la caméra renversée et d’autres acrobaties techniques, et dont les inclinaisons esthétiques sont pourvues d’assez de personnalité pour se conformer à toutes les exigences des producteurs, semble d’ailleurs s’être particulièrement amusé à froisser la tôle et à fracasser l’imposante musculature de bovins élevés au popcorn. Quant à l’histoire, elle épouse, sans surprise, le carénage patriarcal scander jusqu’à plus soif par le moteur Diesel, et ne manquera pas son rendez-vous avec le destin, l’hommage à Paul Walker trouvant là une authenticité des plus touchantes. On en attendait finalement pas moins d’un épisode posthume. (3/5)
Furious 7 (États-Unis, 2015). Durée : 2h17. Réalisateur : James Wan. Scénario : Chris Morgan. Image : Marc Spicer, Stephen F. Windon. Montage : Leigh Folsom Boyd, Dylan Highsmith, Christian Wagner, Kirk M. Morri. Musique : Brian Tyler. Distribution : Vin Diesel (Dominic Toretto), Paul Walker (Brian O’Conner), Jason Statham (Deckard Shaw), Michelle Rodriguez (Letti Toretto), Tyrese Gibson (Roman), Ludacris (Tej), Kurt Russell (Mr. Nobody), Dwayne Johnson (l’agent Hobbs), Jordana Brewster (Mia O’Conner).
Les mecs n’en ont strictement plus rien à foutre et assume pleinement la connerie du « plus c’est con plus c’est bon ». Clairement je me suis bien fendu la gueule devant les cascades toutes plus délirantes les unes que les autres et valant son pesant de cacahuètes! Et puis les répliques philosophiques de Baboulinet quelle rigolade!
C’est vrai que, le cerveau débranché, ça fonctionne très bien. Mais on sent tout de même que les deux précédents épisodes ont déjà emprunté la même voie que celle sur laquelle Wan fait dévaler son engin. Il serait peut-être temps de modifier l’itinéraire de la série, afin de lui apporter un nouveau souffle.
Déjà il y aura un gros manque sans Paul Walker.
Je dois avouer que je n’aime pas du tout cette saga. Je me suis arrêté au 4e personnellement
Les trois suivants sont plus intéressants en terme de spectacle.
oui paraît-il, mais sans la série « ça ne m’intéresse absolument pas »…
pardon, dans la série « ça ne m’intéresse absolument pas »…
Lol j’avais bien compris le sens de ta formule 🙂 Il y a tellement d’autres films plus intéressants à voir que les Fast & Furious…
en effet !
C’est tellement beauf. J’ai mal quand mes élèves me parlent de ce film comme d’un chef d’oeuvre comme le reste de la saga.
Mettons ça sur le compte de la jeunesse.
« le carénage patriarcal scandé jusqu’à plus soif par le moteur Diesel » : Je constate que tu as mis la gomme sur le lexique automobile ! Pas sûr pour autant que cela me donne envie d’arracher un regard pour cette série (dont j’ai déjà occulté les six numéros précédents), pas même dans le rétroviseur. J’attendrai donc « hateful eight » pour prendre des nouvelles de Plissken préféré.
Face à un film aussi subtil, difficile de ne pas partir, pied au planché, en des ruades lexicales enflammées (mais à la mesure, je pense, de la félinité de ta chronique sur Wolfen 😉 ).
Concernant notre bon vieux Snake, il sera, je pense, davantage à sa place devant la caméra de son pote Tarantino.
La chose drôle dans cette virée vengeresse gonflée à la testostérone et l’huile de coude (Diesel vs Statham à coups de clefs à molette, il faut le faire quand même), c’est qu’elle s’achève avec l’un des quarts d’heure les plus cul-cul la praline qu’on ait pu voir dans un film ricain récent. D’accord, c’est un hommage posthume sensible, mais un instant j’avais cru qu’on avait remplacé Wan par un réalisateur de clips de RnB.
Aurons-nous droit à ta review du (très élécrtisant) score de Tyler?
Le montage des images des autres opus de la saga fait tâche, c’est vrai. Mais, d’un point de vue affectif, l’ensemble fonctionne bien, je trouve.
Pour le score de Tyler, je pense lui réserver un petit billet (dès que le temps me le permettra).
Testostérone et destruction de bagnoles… sans moi 😀
Je m’en serais douté que cela n’était pas ta came 😉
Je pense exactement la même chose, le cerveau débranché fonctionne bien pour ce film !
Tout à fait, pourvu que l’on pense à le rebrancher après la projection 😉
Je te souhaite, sinon, la bienvenue sur mon blog 🙂 Je passerais également sur le tien, ce sera l’occasion d’échanger sur d’autres films que ceux que je chronique ici.
C’est très gentil à toi, merci !
J’avais préféré le précédent mais ce « Fast 7 » est un gros délire assumé avec un assez bel hommage à Paul Walker..Voilà, un film très divertissant.
Je trouvais d’ailleurs déjà le précèdent un peu en dessous du cinquième volet.
à 2flics: Moi je les avais trouvé aussi bon l’un que l’autre, peut être d’ailleurs une légère préférence pour le 6. Il faut que je les revois. Cela étant ce 7ème opus est très bon, par contre sachant qu’ils préparent un 8 sans Paul Walker cela va faire un peu bizarre
On verra à ce moment là, mais je pense malheureusement qu’avec le nombre de reboot et de remake fleurissant au cinéma, notre cerveau s’adaptera à l’absence de Paul Walker.
à 2flics: oui, on commence à s’y habituer il est vrai.